Ecran de vie.

Quand j’étais seul, si jeune étudiant à Paris, il me restait le cinéma.
Le temps d’un film, pour quelques heures, j’étais entouré de cette foule de gens qui me tenaient par la main et me glissaient au milieu de leur tragédie, de leurs rires ou de leur histoire d’amour, « voici la vie ».
Je m’accrochais à eux parce que, au fond de moi, je savais comme par intuition je l’ai toujours su, qu’il existe bien peu de choses aussi magnifiques et éternelles que l’art.
Seule la nature et la foi m’ont apporté le même réconfort, la même assurance en la capacité humaine de transcender parfois sa médiocrité pour construire le beau et le bien.
L’amour aussi, l’amour plus que tout sûrement tant il peut être tout à la fois, naturel, artistique et divin, mais j’ai si souvent bien trop mal aimé.
Quand je promène ma solitude ou mes peurs, quand au cœur du bonheur qui aujourd’hui me submerge, surgit cette indicible crainte que tout s’arrête, alors en dehors de tes bras et de la folle certitude d’y retrouver la paix, d’y sentir battre la vie, je sais que le cinéma est là.
Je sais que l’art sublime tout.
Je sais que la nature m’offre sa beauté.
Je sais que Dieu me regarde et me protège.

Je ne comprendrai jamais vraiment le sens de tout ceci, ni pourquoi je suis né, ni à quoi peut bien servir cette étincelle si brève mais serviteur inutile ou talent merveilleux, je pourrai traverser chaque jour de joie ou de tristesse avec ces évidences si profondes qu’elles ne cessent de me surprendre et de me bouleverser.

Bordeaux, le 20 juillet 2023